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RAPPORT DE DIAGNOSTIC ET D'ÉVALUATION DES COOPÉRATIVES

BENJAVILO, SOAHANY ET MANOMBO

Novembre 2024

ONG ONJA, Tanambao, Morondava.
N° Statistique: 94953 51 2018 0 00629
Tel/Mail: +261 34 39 948 99/
ong.onja@yahoo.com

Ce rapport a pour objectif d’évaluer l’état actuel des coopératives Benjavilo, Soahany et Manombo, situées dans la région Melaky, en vue d’identifier leurs forces, leurs faiblesses, ainsi que les opportunités et les menaces auxquelles elles sont confrontées. Il propose également des recommandations concrètes pour renforcer leur gouvernance, améliorer l’engagement des membres et assurer leur développement durable.

Coopérative Benjavilo

Créée en 2017, la coopérative Benjavilo, aussi appelée BEMIRAY, regroupe 33 membres, majoritairement des couples. Toutefois, cette configuration est en contradiction avec son règlement interne. La coopérative bénéficie d’un appui matériel important, notamment par la distribution de palangres, et d’un soutien financier destiné à promouvoir des pratiques de pêche durable. Les membres ont également reçu des formations techniques sur ces pratiques et sur la transformation des produits, en plus d’avoir participé à des visites d’échange pour partager les bonnes pratiques. Ces initiatives ont contribué à renforcer la solidarité entre les pêcheurs membres de la coopérative.

Les membres de la coopérative BEMIRAY à Benjavilo en pleine activité, renforçant leur solidarité et leur engagement pour une pêche durable.

Cependant, plusieurs faiblesses ont été identifiées. La rare présence du président et du trésorier affecte la gouvernance et décourage les membres. Ceux-ci montrent une faible motivation pour travailler collectivement et privilégient le travail individuel. L’absence de cotisations régulières compromet la viabilité financière de la coopérative, et il manque une traçabilité des activités ainsi que des rapports écrits. Par ailleurs, le règlement intérieur est mal défini et non appliqué, ce qui nuit à la transparence des activités. La vente des produits se fait principalement à titre individuel, rendant difficile une gestion collective et équitable.

Malgré ces défis, plusieurs opportunités existent pour cette coopérative. La légalisation et la formalisation des activités permettraient d’améliorer la structure et d’ouvrir l’accès à davantage de soutiens techniques et financiers, notamment de la part d’organisations telles que WWF et l’ONG ONJA. Toutefois, le désengagement des dirigeants et la mauvaise gestion financière constituent des menaces importantes qui pourraient limiter le développement de la coopérative.

Pour remédier à ces problèmes, il est essentiel de réviser les statuts et de formaliser un règlement intérieur applicable. Des élections devraient être organisées pour renouveler les instances dirigeantes et établir une gouvernance solide. Les membres doivent être formés sur la gestion administrative et financière, tandis que la mise en place d’activités collectives, comme la vente groupée des produits, pourrait encourager la transparence et favoriser une répartition équitable des bénéfices. Enfin, un système de suivi et d’évaluation des activités et des finances renforcerait la confiance et la cohésion au sein de la coopérative.

Coopérative Soahany

La coopérative Soahany, appelée SOATAHIRY, a également été créée en 2017. Elle compte aujourd’hui un nombre limité de membres, certains ayant quitté le groupe tandis que d’autres restent, mais sans s’impliquer activement. Les dirigeants, en particulier la présidente, n’ont pas été renouvelés depuis la création, et cette dernière a cessé de résider dans la localité. Une décision a été prise de la remplacer par un nouveau président pour revitaliser la coopérative.

Les membres de SOATAHIRY bénéficient d’appuis matériels et financiers réguliers de la part de leurs partenaires. Ces derniers fournissent des équipements de pêche, des financements pour des projets durables, ainsi que des formations sur les pratiques de pêche durable et la transformation des produits. Ces soutiens ont également permis de renforcer la solidarité entre les membres.

Les membres de la coopérative SOATAHIRY à Soahany lors d'une session de formation, un pas vers le renforcement de leurs compétences et leur autonomie.

Cependant, comme Benjavilo, cette coopérative souffre d’un faible engagement collectif, aggravé par l’absence prolongée de sa présidente sortante. Les membres n’assistent pas régulièrement aux réunions et ne versent pas de cotisations mensuelles, ce qui empêche une bonne gestion financière. Le règlement intérieur et les statuts sont inexistants ou non appliqués, limitant l’efficacité de la gouvernance.

Le renouvellement de la présidence représente une opportunité importante pour redynamiser la coopérative. De plus, les partenaires restent engagés et pourraient continuer à offrir un appui technique et financier. La formalisation des documents légaux permettrait également de mieux structurer les activités.

Pour surmonter ces défis, la gouvernance doit être renforcée avec l’entrée en fonction du nouveau président. Il est primordial de définir et d’appliquer des statuts clairs pour guider les activités de la coopérative. Une formation continue des membres sur la gestion administrative et financière est essentielle, tout comme l’encouragement d’une participation active à travers des initiatives collectives. Enfin, un système de rapports réguliers sur les activités et les finances est recommandé pour garantir la transparence et renforcer la confiance des membres.

Cependant, les faiblesses habituelles se retrouvent ici aussi : absence de cotisations régulières, absence ou non-application des statuts et du règlement intérieur, et faible engagement des membres dans les activités collectives.

L’insécurité représente la plus grande menace pour cette coopérative, obligeant les membres à fuir leur village et rendant difficile la gestion des ressources. Ce désengagement, combiné à une mauvaise gestion des fonds, fragilise davantage la structure.

Pour améliorer la situation, il est crucial de collaborer avec les autorités locales pour renforcer la sécurité dans le village. Cela pourrait inclure des initiatives de sécurité communautaire ou l’implication des forces de l’ordre. Une réorganisation de la gouvernance, notamment par des élections, est nécessaire pour assurer une présence constante des dirigeants. Des formations sur la gestion de crise et des protocoles de sécurité doivent être offertes aux membres, tandis qu’un cadre réglementaire clair devrait être élaboré pour structurer les activités. Enfin, des solutions de déplacement sécurisées pour les réunions et les activités devraient être envisagées si la situation reste instable.

Les coopératives Benjavilo, Soahany et Manombo partagent des défis similaires liés à la gouvernance, l’engagement des membres et la gestion des ressources. Cependant, Manombo se distingue par un problème unique : l’insécurité, qui nécessite une attention particulière pour garantir la sécurité des membres et la continuité des activités.

Avec des plans d’action adaptés à chaque contexte et un soutien continu des partenaires, ces coopératives peuvent surmonter leurs difficultés et devenir des modèles de réussite collective. Il est impératif d’agir rapidement pour renforcer leur structure et assurer leur pérennité à long terme.

Coopérative Manombo

La coopérative Manombo, connue sous le nom de KOJOMAMY, a également vu le jour en 2017. Elle est composée d’un nombre restreint de membres, qui font souvent face à des déplacements forcés en raison de l’insécurité dans leur village. Cette situation unique complique la gestion et la gouvernance de la coopérative.

Malgré ces défis, la coopérative bénéficie, comme les autres, de soutiens matériels et financiers de la part des partenaires. Les membres reçoivent également des formations sur la pêche durable et la transformation des produits, ainsi que des opportunités d’échanges interrégionaux. Ces initiatives renforcent la solidarité entre les membres, malgré le contexte difficile.

Un moment de collaboration au sein de la coopérative KOJOMAMY à Manombo, malgré les défis sécuritaires qui marquent la région.